Fleurir Tanger

C’est l’histoire d’une reconversion réussie où sont célébrées les fleurs et la beauté, dans le respect des rythmes saisonniers. Audrey Capponi réside à Tanger depuis 2010.
Elle a brillamment su changer de parcours professionnel après des années au cœur des livres : ce sont les bouquets champêtres qu’elle a choisis pour continuer de raconter des histoires, cette fois, en couleurs et en parfums.

Rencontre.

Vous avez commencé l’aventure de L’établie en 2019. Pourquoi avoir choisi ce nom ?

C’est le livre de Robert Linhart, L’établi qui relate l’histoire de ces intellectuels dès la fin des années 60 qui décidaient de « s’embaucher » ou « s’établir » dans les usines ou les docks en France. C’est bien sûr aussi la table de travail où, enfant, j’ai appris avec mon grand-père à bricoler, pendant qu’avec ma grand-mère se développait ma passion pour les fleurs. Et puis, j’ai féminisé le nom, car j’ai commencé cette aventure toute seule.

Comment devient-on fleuriste ?

J’ai suivi une formation d’un an, obtenu un CAP d’artisan-fleuriste en France, puis effectué de nombreux stages chez d’autres fleuristes. Et surtout, chez Fleurs de Mars à Bordeaux, sorte d’atelier-boutique, où j’ai renforcé mes connaissances, par exemple dans la mise en scène florale pour les événementiels. A Tanger, je propose depuis 3 ans un service de livraison aux particuliers et professionnels, en mettant l’accent sur le bouquet composé essentiellement de fleurs marocaines et de saison. L’hiver je dois importer ou lorsque les clients me font des commandes spécifiques. Je propose des installations pour des mariages, fiançailles, l’inauguration de boutiques. Je propose des abonnements floraux pour les entreprises.

Quel est le quotidien d’une fleuriste à Tanger ?

Se maintenir en bonne santé, car c’est un métier qui demande une vraie condition physique. A Tanger, les marchés commencent tard, j’ai donc peu de contraintes. Et c’est surtout l’émerveillement renouvelé de recevoir des fleurs, comme lorsqu’on ouvre des cartons de livres. J’ai l’impression de recevoir des cadeaux.

Comment cela se passe avec les autres fleuristes ?

J’ai reçu un très bel accueil de mes confrères à Tanger. Le monde des fleurs est essentiellement masculin au Maroc (contrairement à la France où les fleuristes sont en majorité des femmes), j’ai été très vite acceptée au sein de ce corps de métier. J’ai aussi été beaucoup aidée par d’autres professionnels, comme le traiteur Dar Lalla Moulati qui m’a permis de me faire connaître et fidéliser une clientèle.

Vous avez un rêve ?

Celui de me lancer dans l’horticulture, afin de contrôler tout le process, depuis la culture des fleurs jusqu’à la confection des bouquets, mais c’est un autre savoir-faire. Pour l’instant, je m’estime très chanceuse de cette place que j’ai réussi à occuper à Tanger. En 2019 le concept était nouveau dans la ville, mais à la faveur du confinement, beaucoup de gens m’ont suivie sur les réseaux sociaux et comme ils restaient majoritairement chez eux, ils ont eu envie de soigner leur intérieur. Et comme le disait Georgia O’Keeffe, l’artistepeintre : « Quand vous prenez une fleur et que vous la regardez vraiment, elle devient votre monde. »

Leave a comment